La Task Force « Perspective Apprentissage » fédère les énergies

La Task Force « Perspective Apprentissage » s’emploie à ce que malgré la crise du Covid-19, un maximum de jeunes puisse trouver une place d’apprentissage et achever leur formation professionnelle. Elle mise sur l’engagement des partenaires de la formation pro­fessionnelle et sur la collaboration interinstitutionnelle.
Sarah Zuber
  |  18 décembre 2020
  • Collaboration interinstitutionnelle (CII)
  • Jeunesse
  • Réadaptation

La situation liée à la pandémie de coronavirus perturbe le déroulement normal des processus de choix d’une profession et de recrutement, notamment les stages d’orientation et les entretiens d’embauche. Les jeunes n’en doivent pas moins pouvoir trouver une place d’apprentissage et les entreprises formatrices pourvoir celles qui sont vacantes.

Un maximum de jeunes doit trouver une place d’apprentissage En mai 2020, le conseiller fédéral Guy Parmelin a chargé le Secrétariat d’État à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI) de mettre en place une Task Force en vue de prévenir une crise de l’apprentissage. La Task Force « Perspective Apprentissage » (www.taskforce2020.ch/fr/) a pour mission essentielle d’observer et d’analyser l’évolution de la situation sur le marché des places d’apprentissage, puis d’y répondre de manière agile et efficiente par des mesures de stabilisation appropriées. La Task Force suit de près la transition du secondaire I au secondaire II, la phase de formation professionnelle initiale et le passage du secondaire II au marché du travail ou à des formations complémentaires de niveau tertiaire. Elle se préoccupe aussi des résiliations de contrats d’apprentissage dues à des faillites.

Ses travaux visent autant que possible à soutenir et à renforcer les cantons et les organisations du monde du travail ainsi que les entreprises formatrices et les jeunes, afin que toutes les places d’apprentissage puissent être pourvues.

Trois sous-projets contribuent à cet objectif :

  • Monitorage : en étroite collaboration avec les cantons et les organisations du monde du travail, la Task Force surveille l’évolution du marché des places d’apprentissage et la situation des apprentis fraîchement diplômés. À cet effet, elle conduit régulièrement auprès des cantons des enquêtes dont les résultats paraissent au début de chaque mois. Ce monitorage permet de cerner à temps les tendances en jeu et les éventuels besoins à combler.
  • Mesures : la Task Force montre que des mesures telles que la promotion des places d’apprentissage et l’accompagnement des apprentis constituent des instruments fiables, et elle contribue à la mise en réseau des acteurs impliqués.
  • Financement : le programme de promotion spécialement mis en place par la Confédération joue également un rôle d’importance. Grâce à lui, le SEFRI peut soutenir de manière ciblée les projets des cantons et des organisations du monde du travail. Ce soutien se base sur la loi fédérale sur la formation professionnelle (LFPr) et intervient dans le cadre des crédits ouverts. L’accent est mis sur les projets dédiés au coaching et au mentorat des jeunes en quête d’apprentissage, à la conservation et à la création de places d’apprentissage, à l’élaboration de nouveaux modèles de formation et à la prévention des résiliations de contrat. La Confédération prend en charge jusqu’à 85 % des coûts. Les demandes de subventions concernant ces projets sont traitées en priorité afin qu’ils puissent être approuvés et mis en œuvre sans tarder.

La Task Force repose sur les structures existantes et est constituée des membres de l’organe de pilotage « Formation professionnelle 2030 ». Elle réunit les partenaires de la formation professionnelle, c’est-à-dire la Confédération, les cantons et les partenaires sociaux. Cette composition a fait ses preuves : il n’est pas rare en effet que des questions concernent plusieurs partenaires de la formation professionnelle, à l’instar du développement des offres de conseil pour les jeunes, et ces thèmes peuvent ainsi être abordés conjointement.

Les bénéfices de la collaboration inter-institutionnelle À l’échelon fédéral, les questions du marché des places d’apprentissage et de la formation professionnelle concernent plusieurs offices. C’est pourquoi le SEFRI échange régulièrement avec un comité consultatif. Cet instrument lui permet de discuter des thèmes de la Task Force avec des représentants et des représentantes du Secrétariat d’État à l’économie, de l’Office fédéral des assurances sociales et du Secrétariat d’État aux migrations (cf. graphique G1). Ce dialogue interne à l’administration fédérale s’est révélé extrêmement précieux. La connaissance des mécanismes à l’œuvre dans d’autres domaines de compétence aide à prendre la mesure de sa propre marge de manœuvre. Il est ainsi possible de combler les lacunes et d’éviter les redondances, pour une meilleure coordination du système.

Une réflexion approfondie sur le chômage des jeunes a par exemple mis en évidence les mesures disponibles pour ceux d’entre eux qui sont déjà inscrits au chômage, mais aussi les mesures préventives dont ils bénéficient, tout comme les jeunes adultes, hors de l’assurance-chômage.

La collaboration interinstitutionnelle interne à l’administration fédérale au sein du groupe consultatif rend visibles les interfaces entre le chômage, les questions migratoires, la formation professionnelle et la prévoyance invalidité. Des liens peuvent également être établis avec des projets soutenus dans le cadre du programme de promotion du SEFRI.

Soutien aux jeunes et aux entreprises Les cantons et les organisations du monde du travail jouent un rôle prépondérant dans le soutien aux jeunes et aux entreprises. Ils peuvent recourir à un large éventail de mesures : du côté de la demande, c’est-à-dire en ce qui concerne les personnes à la recherche d’un apprentissage, les mesures en question prennent la forme d’informations et de conseils donnés par les services d’orientation professionnelle, universitaire et de carrière via leur portail internet, de programmes de coaching et de mentorat, ou encore de bourses des places d’apprentissage et de « speed-dating des places d’apprentissage » de dernière minute. Dans le cadre des mesures du marché du travail de l’assurance-chômage, le SECO soutient les jeunes qui se retrouvent sans place d’apprentissage ou solution de transition. La collaboration interinstitutionnelle entre les différents offices fédéraux et les partenaires de la formation professionnelle est centrale pour échanger sur ces mesures et sur d’autres, ainsi que pour identifier d’éventuelles lacunes.

Du côté de l’offre, les entreprises sont par exemple soutenues par le biais de programmes de promotion des places d’apprentissage. Elles peuvent compter sur les conseils des offices cantonaux de la formation professionnelle et profitent des campagnes marketing sur les professions que mènent les associations de branche. Il leur est aussi possible de s’unir au sein d’un réseau d’entreprises formatrices pour dispenser ensemble une formation. Enfin, la Confédération peut soutenir financièrement les efforts des partenaires de la formation professionnelle par l’encouragement de projets.

Stabilité du marché des places d’apprentissage en 2020 Pendant le confinement, les séances d’information et les stages d’orientation ont vu leur nombre diminuer. Un véritable processus de rattrapage s’est ensuite mis en place dans toute la Suisse. La Suisse alémanique n’aura connu pratiquement aucun changement sur le marché des places d’apprentissage en 2020. Jusqu’à fin juillet 2020, il avait même été conclu davantage de contrats d’apprentissage dans certains cantons qu’à la même période en 2019. En Suisse latine, la phase de recrutement commence plus tard et a coïncidé avec le confinement dû à la pandémie de Covid-19. Cet été, le nombre de contrats d’apprentissage conclus dans les cantons de Vaud, de Genève et du Tessin se situait en dessous de la moyenne suisse en comparaison avec la même période l’an dernier. Jusqu’en août, le retard pris par rapport à la Suisse alémanique durant les mois d’avril à juin a cependant pu être en grande partie comblé.

Fin septembre 2020, près de 76 500 contrats d’apprentissage avaient été conclus dans l’ensemble de la Suisse. C’est légèrement plus que l’an dernier, où ce chiffre se situait aux alentours de 76 000. L’objectif d’égaler fin octobre le nombre atteint l’année précédente a été dépassé, puisque cela s’est produit fin septembre déjà.

Selon les chiffres du SECO, la transition du niveau secondaire II au marché du travail ne suscite pas d’inquiétudes pour l’instant. Lors des crises, le nombre de jeunes chômeurs connaît une rapide augmentation, mais les chiffres redescendent aussi vite dès que l’économie redémarre. Par rapport à l’an dernier, le nombre de jeunes au chômage à l’issue de leur apprentissage a connu une légère augmentation ces derniers mois, la valeur de départ étant très basse. En septembre 2020, 2838 jeunes étaient au chômage, soit 27 % de plus que le mois précédent. Ce chiffre se situe cependant dans la moyenne des cinq dernières années. L’assurance-chômage dispose de mesures du marché du travail permettant d’intervenir de manière ciblée auprès de ces jeunes diplômés ; elle peut les élargir temporairement si nécessaire, comme c’est le cas en ce moment à cause du coronavirus.

Contrairement à ces dernières années, où le marché des places d’apprentissage était tendu, la formation professionnelle jouit aujourd’hui d’une situation relativement favorable. Tous les cantons ont à leur disposition une palette de mesures de soutien éprouvées. Les organisations du monde du travail s’engagent elles aussi en faveur de leurs branches et de leurs entreprises. Au besoin, il est possible de développer les instruments existants ou de les compléter par d’autres mesures. Par ailleurs, nous avons une nouvelle fois l’occasion de constater que la situation du marché des places d’apprentissage peut varier selon le canton et la branche concernés. Il n’y a pas une solution unique valable pour tout le monde. C’est pourquoi la flexibilité et les projets fondés sur une approche ascendante sont des facteurs de réussite décisifs. La Task Force se charge de la mise en réseau et des échanges sur le plan national.

Le marché des places d’apprentissage sera-t-il durablement affecté ? Plusieurs facteurs influent sur le marché des places d’apprentissage ; il est difficile de prédire son évolution. Par le passé, les entreprises formatrices parvenaient généralement bien à faire face aux fluctuations conjoncturelles. Il n’en va pas de même pour les mutations structurelles. Ces dernières peuvent avoir des conséquences sur le long terme. À l’heure actuelle, il est difficile de faire des prévisions fiables. Il conviendra de voir dans quelle mesure les entreprises proposent des places d’apprentissage pour la rentrée 2021, ce qui constituera un bon indicateur de changements plus importants sur la durée.

Il faudra également s’assurer que la formation professionnelle reste attractive. Encore aujourd’hui, deux jeunes sur trois en Suisse optent pour une formation professionnelle. Ce chiffre est encourageant, dans la mesure où les entreprises dépendent de professionnels et de cadres qualifiés. Toutefois, dans nombre de branches, les entreprises rencontrent des difficultés à recruter des apprentis qui satisfont à leurs exigences.

Il demeure important que la Confédération, les cantons et les organisations du monde du travail continuent à collaborer étroitement, à être proactifs face aux difficultés et à chercher des solutions avec tous les partenaires impliqués.

MA, responsable de projet au sein de l’unité Politique de formation, Secrétariat d’État à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI).
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