Assurances sociales: le compte global 2015 est clos

En 2015, les recettes des assurances sociales n’ont que très peu augmenté, de 0,4 %, tandis que les dépenses ont clairement progressé (+3,2 %). Si le compte global continuait d’évoluer ainsi, l’équilibre des assurances sociales se trouverait tôt ou tard menacé.
Salome Schüpbach, Stefan Müller
  |  01 septembre 2017
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Établi chaque année sur la base des données financières de chacune des branches d’assurance, le compte global des assurances sociales (CGAS) permet d’évaluer la stabilité financière du système de sécurité sociale. Les données financières des assurances organisées de manière décentralisée – à savoir la prévoyance professionnelle (PP), l’assurance-maladie (AMal), l’assurance-accidents (AA) et les allocations familiales (AF) – ne sont disponibles qu’une année environ après leur collecte ; c’est pourquoi le compte global le plus récent est basé non pas sur les chiffres de l’année civile écoulée, mais sur ceux de l’année qui la précède. De ce fait, le CGAS publié à l’été 2017 se fonde sur les données de 2015.

Le taux de la charge sociale et celui des prestations sociales sont des indicateurs importants pour mesurer le poids des assurances sociales dans l’économie globale. Le taux de la charge sociale indique la charge que les cotisations d’assurance sociale, les contributions publiques et le rendement courant du capital font peser sur l’économie nationale. Le taux des prestations sociales, qui correspond au quotient des prestations sociales et du PIB, exprime la part de la production économique globale consacrée aux bénéficiaires de prestations sociales. Dans une optique financière, ce taux permet une première approche des dépenses consenties pour les assurances sociales selon le CGAS.

Évolution des assurances sociales à la lumière de l’économie La comparaison sur cinq ans montre que le taux de la charge sociale et celui des prestations sociales ont tous deux tendance à augmenter (voir graphique G1). Contrairement au taux des prestations sociales, le taux de la charge sociale est cependant resté stable ces deux dernières années (voir graphique G2).

Sur le plan de l’économie nationale, ce sont les taux de variation en pourcentage du PIB qui offrent l’information la plus pertinente (voir graphiques G3-G5) : par rapport au développement de l’économie (PIB), les dépenses dues aux assurances sociales ont davantage progressé de 2011 à 2013 qu’en 2014 et en 2015 (voir graphique G3). Après un léger recul en 2010 et en 2011, le taux des prestations sociales a pris une nette orientation à la hausse, sauf en 2014 (voir graphique G4). En 2015, il a progressé de 0,6 point de pourcentage, ce qui illustre l’extension de la sécurité sociale.

L’étude combinée des deux taux fait apparaître l’équilibre financier des assurances sociales dans une perspective macroéconomique (voir graphique G5) : si les années 2010, 2011 et 2013 se caractérisent surtout par un accroissement de la charge financière des assurances sociales, 2015 a été marquée par une consolidation des prestations. En 2012 et en 2014, on constate que l’évolution de la sécurité sociale s’est développée de manière relativement équilibrée. À l’exception de 2010 et, peut-être, de 2014, on constate que ces cinq dernières années ont vu un accroissement significatif de l’importance de la sécurité sociale dans l’économie.

Compte global 2015 Dans le plus récent des CGAS, des recettes de 174,4 milliards de francs s’opposent à des dépenses de 157,6 milliards, conduisant à un résultat des comptes de 16,8 milliards (voir tableau T1). Le capital total des assurances sociales a néanmoins seulement augmenté de 11,2 milliards de francs en raison des pertes de valeur de capital (et d’autres facteurs négatifs) de l’ordre de 5,6 milliards de francs. Au total, le capital des assurances sociales est ainsi passé de 871,3 à 882,5 milliards de francs.

Évolution des assurances sociales dans l’optique financière Dans une perspective purement financière, il apparaît que l’équilibre financier des assurances sociales est maintenu sur la moyenne des années 2010 à 2014 (voir graphique G6) : en 2010, 2011, 2013 et 2014 la croissance des recettes a été clairement plus forte que celle des dépenses, d’où une évolution plutôt positive du solde financier. À fin 2015, ce solde positif est toutefois neutralisé par les résultats de 2012 et de 2015 (qui présentent un excédent de dépenses) ; ce fait ressort aussi du résultat du CGAS, qui est pratiquement le même en 2010 (16,2 milliards) et en 2015 (16,8 milliards).

développement à l’horizon de 2015 Le CGAS 2015 montre une hausse des dépenses de toutes les assurances sociales. La plus forte progression concerne l’AMal, suivie de l’AC et de la PP. Si l’on considère les taux de variation des dépenses (voir graphique G7), les assurances sociales se distinguent par des dynamiques différentes : l’AMal et l’AC présentent les variations les plus marquées. Toutefois, à elle seule, l’évolution des dépenses ne permet pas de tirer une conclusion quant au résultat global, car elle ne tient pas compte de l’importance respective des branches d’assurance dans le compte global.

Pour apprécier la part de chaque assurance sociale dans les dépenses globales et leur poids respectif dans le système de sécurité sociale – et obtenir ainsi une sorte d’aperçu pondéré des dépenses –, les taux de variation ont été pondérés en fonction de la part de chacune des assurances dans les dépenses totales (voir graphique G8). Ce graphique indique non seulement les taux de variation, mais aussi la part de chaque assurance sociale, en chiffres absolus, dans la hausse des dépenses. Plus la surface est grande, plus l’assurance en question contribue à la progression des dépenses totales. Ainsi la PP, dont les dépenses ont progressé de 3,2 % (taux qui la place seulement au troisième rang des générateurs de dépenses), contribue beaucoup à la progression des dépenses totales.

Aperçu du compte global 2016 Les données financières 2016 des assurances centralisées (AVS, AI, régimes des PC et des APG, et AC) sont déjà connues et offrent un aperçu du CGAS de l’année passée (voir tableau T2) : les recettes de l’AVS et de l’AI ont progressé de 1,5 %, tandis que leurs dépenses sociales se sont accrues de respectivement 1,9 % et 0,4 %. Compte tenu de l’importance financière des prestations de l’AVS dans le compte global, on constate donc une légère tendance à la baisse. S’agissant des dépenses du régime des APG et de l’AC (+2,5 % et +9,1 %), cette tendance négative est encore plus prononcée, quand bien même leur part respective dans le CGAS est moins importante.

chiffres attendus pour 2017 et 2018 En 2017, les dépenses des assurances sociales centralisées évolueront à peu près au même rythme qu’en 2016 (voir tableau T3). Selon les pronostics, le PIB nominal devrait augmenter davantage en 2017 que l’année précédente, de sorte que le taux des prestations sociales restera vraisemblablement stable. En ce qui concerne l’évolution effective des recettes des assurances sociales et, partant, du taux de la charge sociale en 2017 et en 2018, nous ne disposons pas encore à ce jour (avril 2017) de données probantes.

Collaboratrice scientifique, secteur Données de base et analyses, Office fédéral des assurances sociales (OFAS)
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Dr rer. pol., expert scientifique, domaine Mathématiques, analyses, statistiques et standards, OFAS.
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